Le débat et vote sur StopCovid a été reporté par Edouard Philippe. Et pourtant, pas besoin d’attendre le développement et déploiement de StopCovid pour être sûr d’une chose : il faut empêcher le déploiement de tout outil de traçage numérique.
La
question n’est pas de centraliser ou décentraliser…
Les entreprises et les Etats
s’opposent frontalement sur le déploiement d’applications de tracing. D’un
côté, les gouvernements veulent un système décentralisé où il crée lui-même des
identifiants uniques pour les utilisateurs. D’un autre côté, le système
décentralisé est valorisé par les entreprises où les identifiants des personnes
testées positives au Covid-19 sont transmis aux autres utilisateurs. Or,
derrière ce débat se cache en réalité une guerre de pouvoir : l’ambition d’affirmer
sa souveraineté nationale pour les gouvernements, et de se faire accepter comme
acteur central dans la société pour les entreprises.
Prenons l’exemple allemand :
le gouvernement voulait mettre sur le marché sa propre application mais il
s’est retrouvé face à certaines critiques des citoyens qui soulignaient la
dangerosité d’une centralisation des données aux mains des politiques. Il a
donc battu en retrait face au géant américain en acceptant d’utiliser le
système de traçage développé avec Google, et c’est possiblement le chemin que
suivra la France.
D’ailleurs, des collectivités
locales françaises ont déjà accepté le déploiement d’applications de traçage
développées par des entreprises. Sur cette bataille médiatique, une des erreurs
du gouvernement a été de demander à la CNIL de rendre son avis sur StopCovid
alors que le système n’était pas encore développé et utilisable, donnant ainsi
l’image d’un gouvernement faussement à l’écoute des critiques et d’une fausse
indépendance de la CNIL.
…
mais bien de protéger nos données et de nos libertés
Est-ce qu’un des deux systèmes
protégerait plus les données que l’autre ? La réponse est non. Dans un
système centralisé, il suffirait de recouper des informations avec d’autres
données pour désanonymiser. Dans un système décentralisé, il est tout aussi
facile de ficher les personnes malades, et de les désanonymiser là aussi en
recoupant d’autres données. Qu’en conclure ? La certitude que nos données
seraient anonymisées est un leurre.
Il faudrait être naïf pour
penser que l’Etat ou les entreprises n’utilisent pas nos données à d’autres
fins. Les récentes affaires ont montré que nos données n’étaient jamais en
sécurité auprès des entreprises : vente de données, utilisation des
données pour faciliter le ciblage politique ou de publicités etc.
L’ouverture à la
surveillance de masse
A contrario, ce n’est pas
parce que nous vivons dans un Etat qui nous garantit la protection de notre vie
privée, et que l’Union européenne a adopté le RGPD – règlement européen nous
garantissant le respect de la gestion et protection de nos données – qu’un
basculement n’est pas possible. Qui peut aujourd’hui garantir qu’un Etat ne
pourra pas utiliser à l’avenir les données recueillies à des fins
politiques ?
La surveillance de masse est
déjà une réalité, notamment en Chine, mais quid de la France ? Les données
pourraient servir à assigner des personnes à résidence, stigmatiser certains
groupes, être conservées après la pandémie ou encore être revendues à des
sociétés spécialisées à des fins commerciales.
Aucun scénario n’est à écarter
mais déployer le traçage serait ouvrir la boite de pandore à la surveillance de
masse et par la suite mettre en place d’autres outils numériques allant à
l’encontre de nos libertés – quoique déjà présents avec les systèmes de
reconnaissance faciale dans certaines villes.
L’autre
menace : celle des cyberattaques
Et même si nous partions de
l’idée que nos données ne soient pas utilisées à d’autres fins, il y a une autre
menace récurrente et de plus en plus importante dans notre société : la
hausse des cyberattaques.
Plusieurs Etats ont déjà eu
des problèmes de sécurité avec leur système de tracing exposant ainsi les
données des utilisateurs, comme aux Pays-Bas ou en Australie. Là aussi il
serait naïf de penser que les outils de traçage ne représentent aucun problème
de sécurité. Les entreprises et gouvernements font de plus en plus face aux
cyberattaques, et au vol de données. Alors mettre à disposition des centres de
stockage de données des utilisateurs d’applications de tracing est du vrai pain
béni pour les hackers.
Le traçage
numérique n’est pas fiable
Et imaginons maintenant, un
monde fictif dans lequel nos données seraient protégées et non utilisées à
d’autres fins que la lutte contre la pandémie, un autre problème se
poserait : celui de la fiabilité des systèmes de tracing. En partant du
principe que le système serait fiable, il faudrait qu'il y est plus de 60% de la
population qui utilise l’application pour qu’elle soit efficace dans la lutte
contre le Covid-19. Or, les Etats ayant développé une application de traçage
basée sur le volontariat ne l’atteignent pas.
Il faudrait aussi que le
Bluetooth soit constamment activé – ce qui est rare pour des raisons de
sécurité ou de batterie - et là encore, les précisions peuvent varier d’un
appareil à un autre, faussant in fine les résultats. Même si nous utilisions
tous le même système, la précision ne sera jamais totalement fiable car des
éléments aléatoires comme les murs, les poches ou même la proximité de
plusieurs téléphones pourraient fausser les données.
Certes, le numérique est un
outil remarquable mais il faut arrêter de penser que le tracing pourrait
résoudre cette crise sanitaire. L’incertitude sur la gestion actuelle et future
de nos données personnelles et la répercussion sur nos libertés fondamentales
n’a pas de prix. Pourquoi ne pas tout simplement allouer plus de moyens au
secteur sanitaire pour lutter contre le Covid-19.
Boonjour Charlène, merci pour cet article très clair. Avez-vous parcouru l'avis du Comité national pilote d'Ethique du numérique du 14 mai 2020 ? Certains passages font froid dans le dos, comme l'instauration d'un "comité de suivi unique et opérationnel" pour "identifier et traiter les problèmes éthiques, juridiques et sociétaux posés par les différents outils de traçage dans le contexte de la stratégie de déconfinement. Ce comité impliquera notamment des professionnels du numérique, de la santé, des sciences humaines et sociales ainsi que des parlementaires et des représentants de la société civile"...
RépondreSupprimerBonjour, merci pour votre commentaire. J'ai en effet lu cet Avis et malgré mon opinion sur le traçage numérique, j'en ai aussi retiré du positif, notamment les points 3.6 et 3.8 qui prévoit la désactivation des outils de traçage et l'évaluation par audit. Le problème - de mon point de vue - c'est qu'il est politiquement très facile de ne pas mettre de date d'expiration à ces outils et continuer à les utiliser via le prolongement de l'état d'urgence sanitaire. De même, l'idée d'auditer est très bien, mais qui fera partie des membres de l'audit ? Idem pour le comité dont vous parlez qui réunira des acteurs de divers horizons, sur quelle base seront-ils choisis ? Seront-ils vraiment indépendants et oseront-ils être critique si besoin ? Ce qui me fait aussi peur c'est cette idée de "Déployer une pédagogie large et adaptée à toute la population sur les enjeux
Supprimertechniques et sociétaux de ces applications de traçage". Si campagne de promotion de ces outils il y a, il ne sera aucunement souligné les aspects de surveillance, pistage, éventuelles dérives de ces utilisations, les Français peu informés n'y verront que du positif tant bien que même les autres pays utilisant ce genre d'outils ont bien constaté leur inutilité.
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