Le
14 juillet, la start-up française Jumbo Privacy, spécialisée dans la protection
des données, a demandé l’ouverture d’une enquête auprès de la CNIL concernant l’activité
de collecte des données de Clearview AI, jugée illégale.
Un
recours devant la CNIL pour mettre fin aux pratiques illégales de Clearview AI
Alors
que Jumbo Privacy annonçait
le 25 juin dernier un nouveau financement, porté par Balderton Capital, pour s’attaquer
au problème de non-respect de la vie privée de l’industrie technologique, la start-up
française a déposé
ce 14 juillet une réclamation devant la Commission nationale de l’informatique
et des libertés (CNIL) contre Clearview AI.
Zoé
Vilain, la directrice stratégie, protection des données personnelles et
présidente Europe de Jumbo Privacy a expliqué à l’Usine
Digitale qu’elle avait entamé des démarches pour savoir si Cleaview AI
avait des données la concernant et si elles avaient été partagées.
Pour
rappel, Clearview AI est outil
de reconnaissance faciale qui vise à aider « les forces de l’ordre et à traquer
des centaines de criminels en général, notamment des pédophiles, des
terroristes et des trafiquants sexuels » via la collecte des photos et données des
utilisateurs sur les diverses plateformes en ligne.
Grâce
au règlement général de protection des données (RGPD), Zoé Vilain a fait valoir
ses droits et a pu entrer en contact avec l’entreprise américaine pour connaitre
les données précises dont disposait Clearview AI.
Elle
a cependant dû s’armer de patience pour avoir des réponses puisqu’il lui aura
fallu plus de 4 mois de démarches, 9 échanges de mails, l’envoi d’une photo d’identification
et la communication de plusieurs informations personnelles (nom et prénom,
adresse email et postale, adresse IP etc.), le refus catégorique de communiquer
une photo de pièce d’identité et finalement l’envoi en dernier recours d’une
mise en demeure par courrier recommandé et par email.
Alors
que Clearview AI a finalement partagé les photos qu’elle avait récolté sur Zoé
Vilain, cette dernière a indiqué que ce n’était pas elle qui figurait sur l’une des photos, montrant encore une fois les erreurs des outils de reconnaissance faciale. Cela a cependant confirmé ses soupçons sur l’entreprise américains qui est accusée :
·
De mise
à disposition illégale de données personnelles de citoyens européens,
·
D’absence
de justification légale concernant le traitement des données de ces derniers, et
entre-autre,
·
De
demandes d’identifications additionnelles jugées excessives et disproportionnées
qui découragent tout recours.
Face
à ce parcours du combattant, Zoe Volain a décidé de demander l’ouverture d’une
instruction contre Clearview AI afin de protéger les utilisateurs européens qui
n’ont peut-être pas connaissance que l’outil américain utilise les plateformes
en ligne pour collecter leurs données et notamment leurs photos à des fins
commerciales et de surveillance.
Un
outil également scruté par les acteurs étatiques
Depuis
les diverses révélations
sur la collecte illégale des données des utilisateurs de la part de Clearview
AI, acteurs non-étatiques et étatiques continuent de se positionner pour
avertir et protéger les citoyens.
Début
juillet, le Royaume-Uni et l’Australie annonçaient une enquête conjointe sur
Clearview AI, notamment sur sa pratique d’extraction automatique des
informations d’un site internet, sans demander au préalable le consentement des
utilisateurs.
Cette
enquête a également comme objectif de montrer
la nécessité de coopérer pour protéger les données personnelles des Australiens
et des Britanniques « dans un monde de données global ».
Face
à ces accusations, le PDG de Cleaview AI, Hoan Ton-That, a affirmé que son logiciel
n’était pas sur ces deux marchés. Or, en février dernier, Buzzfeed avait révélé
que les forces de police utilisaient cet outil pour identifier des personnes. D’ailleurs,
le Canada s’est également positionné contre Clearview AI en interdisant son utilisation
par la Gendarmerie royale.
Le
débat fait également son chemin sein de l’Union européenne puisque que la CNIL
européenne (CEPD) a affirmé
ne pas pouvoir se « prononcer positivement sur la légalité d’un usage de
leurs outils par les forces de l’ordre européennes ».
La prochaine étape consiste à attendre une éventuelle réponse et un positionnement de la CNIL sur Clearview AI.
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